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La guerre des clones
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La guerre des clones

Auteur : Philippe Contal

L’ère du digital est porteuse d’innovations aux multiples visages. Technologies, mais surtout usages ont créé un véritable lexique dont les termes nous invitent parfois à une réflexion de fond. Tel est le cas de l’identité digitale et de son corollaire : l’ubiquité.


Sans fantasmer sur le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux¹, force nous est de constater que l’utilisation des réseaux sociaux nous a conduit à créer, animer et parfois oublier nos « empreintes numériques ». Celles-ci représentent la totalité des contenus et interactions (ce que nous aimons, notre réseau de contacts…) que nous créons le plus souvent sans nous en apercevoir. En effet, nos utilisations de Facebook, par exemple, constituent une gigantesque masse d’informations nous concernant. Chacune prise individuellement n’a pas forcément d’intérêt mais l’analyse statistique et les algorithmes permettent d’en tirer des conclusions qui peuvent nous alarmer².

Ceci pourrait être le côté sombre de la Force. Mais de l’autre, nous trouvons de nombreux intérêts personnels et professionnels à utiliser les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs la vraie raison qui nous pousse à en devenir parfois dépendants. Tisser un réseau professionnel, rester en contact avec notre famille, être informé sur des sujets qui nous intéressent, avoir une vision moins partiale (?) que celle que nous offrent les médias traditionnels… autant de raison de passer un temps considérable déconnectés du présent à portée de mains mais connectés à un autre univers, le digital. Nous avons en quelque sorte élargit notre sens du présent pour l’étendre à ce qui est distant physiquement. Nos fils d’actualité nous placent en contact avec des informations élargies, augmentées par rapport à nos sens naturels.

Du coup, nos profils, nos pages… créent une copie – très imparfaite il est vrai – de nous-mêmes. La seule image que nous pouvions travailler auparavant était celle que nous pouvions véhiculer et ses prolongements comme la renommée. Le cercle s’étant élargi, nous ne maîtrisons plus la totalité sources et des conséquences de notre présence digitale. Était-ce le cas auparavant ? J’en doute, mais il est aujourd’hui évident que la e-réputation est très complexe à maîtriser. De nombreux facteurs nous échappent.

Jusqu’à présent, les réseaux sociaux offraient schématiquement un service de mise en relation et de partage de contenus en échange d’une sournoise violation de nos données personnelles. Mais un cran a été passé avec l’arrivée des agents conversationnels, ou chatbots. Pendant des années, les réseaux offraient une option de répondeur automatique. Celle-ci permettait de remercier (très rapidement mais de manière parfaitement impersonnelle) les personnes qui se connectent à votre profil ou cherchent à vous contacter. Sur Twitter, par exemple, vous pouvez recevoir un message dans les quelques secondes qui suivent votre choix de suivre un compte. Sur Facebook, l’invitation sur Messenger est devenue systématique lorsque vous élargissez votre carnet d’adresses.

Les grands opérateurs³ ont tous aujourd’hui des solutions plus ou moins avancées de chatbot. Le plus avancé est actuellement Facebook, avec M for Messenger. Petite parenthèse : on peut s’étonner que Google ait pris du retard alors même que la messagerie du géant de la recherche, Gmail, existe depuis très longtemps. Il faut croire que le fait d’être le premier ne signifie pas forcément que l’on dispose de toutes les clés pour réussir. A trop servir d’éclaireur… 

Les agents conversationnels permettent de créer des discussions en langage naturel plus ou moins aidées. L’ergonomie du dialogue peut parfois laisser croire à une intelligence artificielle alors qu’il s’agit le plus souvent d’un traitement sémantique. Mieux que le répondeur automatique, le chatbot vous permet désormais, par exemple, de converser avec une machine pour disposer d’un service après-vente après l’achat d’un billet de train. Votre train aura-t-il du retard ? Quelle est la météo où vous vous rendez ? Comment réserver une voiture de location ? Les réponses à ces questions étaient auparavant disponibles. Mais la disponibilité de l’information ne signifie pas qu’elle soit aisée à trouver. Si tel était le cas, l’ouverture des bibliothèques suffirait à faire progresser le niveau culturel moyen. Le robot assure un service. Il permet de créer une forme d’ubiquité digitale. Votre présence dans le monde numérique ne se limite plus à des contenus ; vous disposez désormais d’un comportement digital, même lorsque vous n’êtes pas connectés.

Science-fiction, me direz-vous ? Non, nous y sommes. Ce n’est même pas pour demain car c’est le monde dans lequel nous vivons, ici et maintenant. La bonne nouvelle, c’est que ces services qui nous imposaient de passer du temps à chercher les bonnes réponses nous serons proposés de manière presque automatique. Nous sommes donc désormais présents à plusieurs endroits en même temps. Certes, notre présence physique est encore limitée à notre véhicule terrestre, mais nous disposons de clones partiels, à l’image et aux comportements que nous pourrons – et devrons – maîtriser.

Le monde est-il devenu fou que nous créons des copies de nous-mêmes⁴ pour répondre à des personnes que nous n’avons jamais rencontrées alors que nous ignorons nos voisins de quartier ? Tel peut être un argument pour ne pas nous précipiter corps et âme dans cette aventure imprécise. Cela dit, la notion de proximité n’est plus celle que nos ancêtres ont connue. De la proximité géographique qui créait les communautés et les villes, nous en sommes aujourd’hui à des groupes d’intérêt, des ensembles d’individus partageant les mêmes idées, les mêmes centres d’intérêt… Peut-être est-ce d’ailleurs une composante de l’échec politique de ces dernières semaines. A bâtir un discours politique sur un référentiel obsolète, les grands partis ont été exclus des réponses que les citoyens attendaient. Le plus amusant reste encore le fait que les politiques professionnels qui ont envahi notre paysage depuis des décennies sont parfaitement incapables de sortir de leur cadre centré sur leurs visions et intérêts personnels.

Mais revenons-en à cette présence élargie que nous pouvons accepter ou refuser. Peut-être devrons-nous plutôt la maîtriser plutôt que simplement l’écarter. Les technologies actuelles ne nous permettent pas encore d’imaginer sérieusement des joutes verbales et conceptuelles entre deux intelligences artificielles. Mais nous avons une responsabilité personnelle et citoyenne envers les technologies qui nous sont proposées ou imposées.

Notre ubiquité digitale nous ouvre les portes des grandes bibliothèques. Elle nous permet d’accéder sans nous déplacer à des réflexions philosophiques, des visites de temples antiques, des salles de musée, des paysages magnifiques… Notre rôle est de préserver la réalité de ces ressources et d’en donner un accès le plus large possible afin d’ouvrir les esprits plutôt que de les scléroser sur des schémas désuets. Notre capacité à nous « cloner » n’aura de sens que si nous confions à nos avatars une véritable valeur ajoutée. Ce n’est pas un choix à faire. C’est une nouvelle dimension de notre citoyenneté.

Philippe Contal
Directeur Digital Associé ipgarde
Créateur de #TerritoireDigital™ 


¹ Infographie Statista : « De plus en plus nombreux sur les réseaux sociaux ». A noter qu’il faut tout de même éviter de totaliser les utilisateurs car nous sommes nombreux à utiliser plusieurs réseaux sociaux
² Pour vous en convaincre, nous vous invitons à installer – au moins temporairement – l’extension du navigateur Chrome, « DataSelfie ». Celle-ci vous permettra de mieux comprendre certaines subtilités du traitement de nos données personnelles
³ On parle désormais des GAFAMI : Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et IBM
⁴ Lire l’article « L’utilisation des chatbots dans la campagne présidentielle », de Marie Soulez (Alain Bensoussan avocats)
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